Science du langage (linguistique)
En tant que science du langage, la linguistique considère la langue des humains comme le fondement de la pensée et de la connaissance (Erkennen), ou tout simplement comme la condition fondamentale de l’existence humaine et de la culture. La langue en soi – actuelle ou historique – constitue logiquement l’objet d’étude de la linguistique. Elle englobe toutes les formes de la langue parlée, toutes les formes de la langue écrite ainsi que les langages gestuels.
Les paramètres de la recherche en linguistique sont les éléments constitutifs des langues et les règles selon lesquelles des constructions porteuses de sens sont formées à partir de ces éléments constitutifs ; la transmission du par la langue ; les diverses pratiques, catégories et moyens de communication ; la formation historique de la langue compte tenu des facteurs culturels, sociaux et médiumniques ; la différenciation interne des langues qui se reflète dans les dialectes et autres variantes ; l’interaction entre les langues et les réalités sociales ainsi que les bases cognitives des compétences linguistiques des humains (l’acquisition, la production et la réception de la langue).
La linguistique a recours à une panoplie de méthodes différentes en fonction des domaines et des problématiques analysés. Parmi ces méthodes, notons l’approche classique de l’analyse du texte et du discours, domaine qui opère très près de la littérature, sauf que sa base matérielle n’est pas uniquement le texte littéraire, mais s’étend également à toutes les formes de textes et de discours. La linguistique moderne se sert en outre de méthodes empiriques qui incluent celles des sciences sociales telles que les enquêtes et évaluations qualitatives et quantitatives, ainsi que les méthodes de documentation et d’analyse fondées sur l’utilisation de l’informatique.
Études littéraires
Les études littéraires s’intéressent à la littérature issue d’une langue particulière. Elles se consacrent aux formes littéraires (le drame, la poésie, le roman) c’est-à-dire aux produits culturels portant sur les grandes questions liées à la condition humaine et aux limitations sociales de l’action humaine et comportant une dimension esthétique.
Le point de départ du travail scientifique des études littéraires demeure le texte, lequel est analysé à l’aide de concepts d’interprétation divers et est exploré dans sa forme, ses énoncés et son rapport à son «être en situation» (Situiertheit) non seulement culturel, mais également social.
Les prises de position de la théorie littéraire permettent une analyse du texte méthodique et réfléchie. Elles peuvent épouser diverses perspectives en fonction de la tradition historique de recherche et de la problématique : la perspective qui analyse le texte notamment sous l’angle de ses qualités esthétiques, stylistiques, rhétoriques, ou selon les caractéristiques du genre ou intertextuelles ; la perspective de l’auteur, qui interroge le texte sous l’angle de la relation entre l’auteur et l’œuvre ; la perspective du lecteur, qui s’attache aux expériences de lecture individuelles et collectives ainsi qu’à la construction du sens ; et la perspective du contexte, selon laquelle il y a lieu d’examiner l’état d’«être en situation» (Situiertheit) historique du texte, sa production et sa réception de même que sa médiumnité (Medialität).
Dans la littérature en langues européennes on distingue la plupart du temps la littérature ancienne des lettres modernes, la frontière se situant entre les 15ème et 17ème siècles. L’étude de la littérature ancienne est aussi appelée médiévistique, ce qui souligne une certaine convergence avec la linguistique historique.
L’analyse des textes issus d’époques plus anciennes est un «effort de traduction» à double titre : elle requiert d’une part des connaissances sur les phases de développement antérieures de la culture linguistique en question (par exemple l’anglais ancien, le moyen anglais, ou l’ancien haut allemand et le moyen haut allemand), enseignées pendant dans des cours particuliers. D’autre part, la recherche sur les textes littéraires anciens est renforcée par une réflexion approfondie sur les contextes culturels, sociaux et de l’histoire des médias de l’époque dont ils sont issus et qui doivent être considérés comme la condition fondamentale de la production littéraire ; ces contextes doivent être compris dans la recherche des produits littéraires et esthétiques, de manière à rendre lisible et compréhensible l’étrangeté de ces textes.
Ces disciplines sont étudiées le plus souvent sous l’angle de la spécificité de la langue ou des groupes de langues, ces derniers pouvant être européens ou extra-européens : p. ex. l’allemand (langues et littératures allemandes ou philologie allemande), l’anglais (langues et littératures anglaises ou philologie anglaise), langues nordiques (philologie nordique ou langues et littératures nordiques), langues slaves (slavistique, langues et littératures slaves). Selon les universités, les sciences du langage et des littératures romanes sont globalement étudiées sous l’angle des lettres romanes (français, italien, espagnol, portugais, romanche) ou selon la spécificité de la langue (philologie française, hispanique, etc.). L’étude des langues et des littératures extra-européennes, notamment la sinologie (chinois), les lettres, langues et civilisation japonaises (japonais), la philologie coréenne, ou l’arabe, s’étend en outre généralement aux aspects sociaux et culturels de la perspective actuelle ou historique.
Vous trouvez les sciences linguistiques et littéraires grec et latin sous ce lien (www.ch-antiquitas.ch).
La recherche scientifique sur les langues et les littératures peut également se concentrer sur les relations entre les langues (inter-philologie). Ainsi les sciences du langage et des littératures s’étudient aussi sous l’angle de la pluralité linguistique, dans le cadre des sciences générales du langage ou des études littéraires, ou d’autres études de même nature, lesquelles sont conçues dans une optique inter-philologique.